Youtube est une vraie mine d’or pour contrer l’ennui, des tutoriels de maquillage aux jeux entre amis, en passant par la musique ou encore les jeux-vidéos… Mais au-delà du divertissement, quelques vidéastes s’engagent pour des causes qui leur tiennent à cœur et les partagent avec leurs abonnés. Julien Donzé, alias « Le Grand JD » est l’un d’entre eux, parcourant le monde pour sensibiliser son public face au réchauffement climatique. Mais de lanceurs d’alerte à écologistes de façade, d’autres ont parfois franchi le pas…

Les dernières générations ont vu émerger la plateforme de vidéos Youtube, rentrée dans les habitudes de consommation visuelle. Plus proche du spectateur que la télévision par son lien avec le vidéaste, elle permet de l’impliquer durablement en donnant l’exemple, et de développer de nouveaux formats. C’est pourquoi certains créateurs ont décidé d’y utiliser leur voix et leur image pour sensibiliser à une cause au cœur de l’actualité : l’écologie. Sous forme de documentaires, les Youtubeurs plongent au cœur du sujet du dérèglement climatique, rendant ainsi visible l’empreinte de l’Homme sur le vivant.

Voir la réalité en face pour mieux alerter

Des documentaires écologistes sont diffusés sur les chaines de télévision depuis bien plus de vingt ans maintenant, mais que change donc le format Youtube dans la prise de conscience du public ? Les vidéos deviennent plus impactantes sur la plateforme car elles sont filmées face caméra, c’est le youtubeur lui-même qui parle à ses abonnés, il apparait dans ses images et est son propre réalisateur. De ce fait, le spectateur, qui a développé un lien virtuel avec le vidéaste qu’il suit et apprécie, peut intégrer et prendre en considération le message évoqué dans une vidéo, de manière plus directe. Le youtubeur suisse Le Grand JD, de son vrai nom Julien Donzé, suivi par près de 3,5 millions de personnes, en est un exemple. Son ton amical et son rapport avec sa communauté lui permettent d’avoir un impact sur les plus jeunes dans ses vidéos très appréciées et virales. Au début simple observateur des animaux dans sa série Animalis, il évolue en réalisant des documentaires, toujours soucieux du respect du vivant, des animaux et de l’environnement qui l’entoure.

 

Il s’appuie sur des témoignages de spécialistes et n’hésite pas à prendre des risques, notamment lors de sa collaboration avec Sea Sheperd et Greenpeace ou lors de sa dernière expédition au Svalbard, où il évolue sur un glacier plein de crevasses. Sa volonté est d’informer et non d’accuser, en donnant des preuves du dérèglement climatique avec des images percutantes pour éveiller les consciences : « il fait partie d’un ensemble de voix qui se lèvent pour dénoncer ces problèmes et plus on en entend parler, plus on comprend et on s’approprie le sujet, on se sent engagé », explique Amandine, une abonnée.

Sa dernière vidéo engagée pour la planète, qui date de début septembre 2020, en collaboration avec le célèbre explorateur hors-normes Mike Horn et deux collègues vidéastes, Amixem et Cyril, a fait grand bruit. En effet, il y explore le Svalbard, terre de glace norvégienne qui subit de plein fouet le dérèglement climatique. Diffusé en trois parties sur les chaines des vidéastes et projeté au Grand Rex, à Paris, ce documentaire a passionné les abonnés qui se sont sentis concernés par l’urgence écologique évoquée par les Youtubeurs, qui profitent de leur notoriété pour lancer l’alerte : « Tellement magnifique … espérons que l’être humain redoublera d’effort pour protéger ces espèces et cet environnement ! », s’émeut Lili. Partis pendant deux mois sur le voilier de Mike Horn, les trois vidéastes ont appris à observer la faune et la flore, l’effet de la baisse de la navigation sur les baleines après le confinement, en partenariat avec la fondation Ocean Alliance ou encore à réaliser des analyses météorologiques. L’explorateur, poussant l’enseignement jusqu’au bout, les a menés sur un glacier, où ils ont passé une nuit entière. En perpétuel mouvement, ce dernier disparait un peu plus d’années en années à cause du dérèglement climatique, rendant dangereuse son exploration à cause de nombreuses crevasses mortelles. Avec humour, l’homme explique les dégâts infligés à la planète.

 

 Il y avait donc un intérêt scientifique pour l’équipage ; celui de collecter des informations sur cette zone fragilisée par les agissements humains, en plus d’attirer l’attention du public sur la beauté de cet espace qu’il faut protéger. La qualité visuelle des vidéos, très professionnelle, avec des images filmées au drone attire en effet l’œil du spectateur sur le vivant qui jalonne la banquise norvégienne, le retour à la vie des ours quand la glace casse mais aussi le reflet du soleil sur une surface qui risque de disparaitre. Si Mike Horn a fait appel à ces Youtubeurs, ce n’est pas seulement pour le divertissement, mais pour diffuser à un public étendu la fragilité de notre écosystème. D’abonnés déjà sensibilisés par les prises de position des vidéastes, l’impact du documentaire a dépassé ce public habitué pour atteindre tous les âges, par le dynamisme du format et le sérieux du reportage, apporté par le crédit de l’explorateur reconnu. Une belle manière de faire passer le message aux plus jeunes, « une génération très sensible et engagée », selon ce dernier.

Les nouveaux influenceurs verts

On voit ces dernières années fleurir de nombreuses vidéos comme les « clean walk », où les youtubeurs se déplacent dans les rues de leur ville, avec leur communauté appelée à la rescousse, afin de nettoyer et de ramasser les déchets sur les trottoirs, dans les buissons… Cela peut aider à faire émerger une certaine indignation dans l’esprit des gens, alors plus touchés par la proximité géographique de la pollution. Ce type d’actions mobilisent la population, et notamment les jeunes générations, public cible des youtubeurs qui s’y identifient, contribuant à l’émergence d’actions collectives. Gaëlle Garcia Diaz est l’une de ces influenceuses qui prend au sérieux son rôle et en profite pour montrer l’exemple. Avant d’appeler à une « clean walk » en Belgique, elle avait déjà créé sa marque de maquillage vegan, en toute transparence. D’autres n’ont pas choisi ce chemin.

 

Cependant, le message écologique s’avère parfois n’être qu’une façade. Beaucoup appellent à une consommation plus responsable, à marcher pour le climat mais leur comportement entre en contradiction avec leurs paroles. Même si le rôle d’influenceur est lourd à porter, que leurs moindres actions sont scrutées et qu’être irréprochable est impossible, certains sont accusés sur les réseaux sociaux d’être hypocrites et de faire du « greenwashing ». Ce procédé est utilisé en communication par une entreprise ou une marque afin de se faire passer pour responsable et éthique. L’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), qui souhaite enfouir des déchets nucléaires a misé sur cet artifice en payant des Youtubeurs comme AstronoGeek pour faire leur promotion auprès des jeunes, ce qui n’a pas manqué de choquer le public.

 

Si tous les vidéastes ne vont pas jusqu’à mentir pour gagner de l’argent, on retrouve la célèbre EnjoyPhoenix aux 3 millions d’abonnés, vidéaste beauté et lifestyle, qui a réalisé une série de vidéos sur le moteur de recherche Ecosia, prônant leur respect de l’environnement et la reforestation tandis qu’elle recevait des produits de beauté à outrance et qu’elle prenait l’avion toutes les semaines. Après avoir reçu de nombreuses critiques, cette dernière a changé son fusil d’épaule et a initié un mouvement afin de stopper l’envoi de maquillage massif. Elle a ensuite réalisé une interview complaisante pour le gouvernement dans sa vidéo « Une journée avec Brune Poirson », secrétaire d’état au ministère de la transition écologique et solidaire, réalisant de ce fait un acte de propagande idéologique et du greenwashing, fortement décrié et considéré comme « malsain et gênant » selon de nombreux internautes, sous couvert de « développer des vocations pour l’environnement » . Malgré tout, parler d’écologie avec autant de public est sûrement bien plus impactant sur les nouvelles générations que rester silencieux et laisser le monde s’effondrer sans rien faire…

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