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Sebastião Salgado : Blessure, un « cri pour la planète »

>> En  raison de la crise sanitaire, les musées sont fermés jusqu’au 7 janvier, jusqu’à nouvelle directives du gouvernement. <<

 

L’Espace Frans Krajcberg (Paris, XVème) accueille la nouvelle exposition de Sebastião Salgado intitulée « Blessure ». Explorateur du monde, Sebastião Salgado photographie l’Homme et son empreinte comme personne.
Des guerres aux exodes, de la sécheresse à l’exploitation de la terre, le franco-brésilien pose un regard critique sur une planète en danger. Cette fois, il revient à sa terre natale le Brésil et nous propose une série de clichés sur l’Amazonie qui brûle.

 

Un photographe au service du vivant

Armé de son appareil photo, Sebastião Salgado n’hésite pas à immortaliser l’humain sous toutes ses coutures, victime de guerres, d’exploitation et de la pauvreté. Son talent lui vaudra plusieurs récompenses avec notamment le prix W. Eugene Smith pour la photographie humaniste en 1982.

 

Salgado sillonne la planète à la recherche de ses secrets et publie La main de l’homme en 1993. Cette série de reportages consacrée au travail manuel de l’Homme fera date. Les puits de pétrole en feu saisis par le photographe durant la guerre du Golfe font le tour du monde. Après plusieurs collaborations avec les agences Sygma, Gamma et Magnum, Sebastião fonde avec sa compagne Lélia Wanick Salgado en 1992 l’agence Amazonas Images, dédiée à ses travaux personnels.

 

À partir de 2004, l’œuvre de Salgado prend un nouveau virage avec le projet Genesis. Il y présente des paysages vierges de toutes traces humaines provenant des régions les plus reculées du monde. C’est aussi l’occasion pour Salgado de dénoncer les conditions de vie des orpailleurs du Serra Pelada. Les clichés sont saisissants ! On y voit des hommes entassés les uns sur les autres dans ce qui semble être une incroyable fourmilière humaine.

© Sebastião Salgado
Son engagement pour l'Amazonie

Blessure, la nouvelle exposition de Salgado présentée à l’Espace Frans Krajcberg, a pour objectif d’éveiller la conscience du visiteur, de l’alerter, de l’interpeller au sujet de la destruction de la forêt amazonienne: “La destruction de la forêt amazonienne entraine la destruction de tout un écosystème d’humidité, ce qui posera problème à l’échelle planétaire.” Le photographe à survolé cet immense territoire où il a été témoin des gigantesques feux provoqués par l’Homme, plaies béantes ouvertes dans la forêt, qui ne cessent de s’agrandir.

 

Pour preciser le choix de ses photos, Salgado ajoute: “en travaillant sur l’Amazonie vivante, j’ai aussi vu l’Amazonie morte. Ces photos, pour moi, représentent donc l’Amazonie morte”. L’humain est absent de l’image, seules sont visibles les traces meurtières de son passage.

© Sebastião Salgado
L'art comme sonnette d'alarme

Faute de pouvoir se déplacer, dans le contexte sanitaire actuel, pour voir l’exposition nous vous recommandons chaleureusement, cher lecteur, de réécouter l’interview de Sebastião Salgado sur France Culture, « Depuis Bolsonaro, le Brésil tourne au carnaval« . Mais aussi, de regarder, absolument, le documentaire Le sel de la terre (2014) réalisé par Wim Wenders, consacré à la vie de Sebastião Salgado. Documentaire par ailleurs primé à Cannes pour le prix spécial Un certain regard, pour le César du meilleur documentaire et nommé pour l’Oscar du meilleur documentaire.

 

La photographie est pour Sebastião Salgado un langage obligé, un cri de détresse. Ce grand témoin de l’immensité de la Terre, maitrise à merveille l’art du noir et blanc et parvient à mettre en lumière la part d’ombre de l’Homme. « L’homme est le même animal partout, même si on change la couleur de la peau, des yeux, des cheveux. Mais ce qui est essentiel pour l’un l’est pour l’autre. La souffrance est la même, le plaisir aussi. »

Sebastião Salgado, (L’Express, 23/05/2005).

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