« Mignonnes », de Maïmouna Doucouré, est un film français qui s’est trouvé début septembre, au cœur d’une polémique aux Etats-Unis. Un débat révélateur d’une Amérique mal à l’aise face au sujet de la sexualisation. 

Début septembre, sur Netflix, sortait le film français « Mignonnes », de Maïmouna Doucouré. Alors qu’il a été salué par la critique française à sa sortie (août 2020), il a entrainé une énorme polémique aux Etats-Unis. C’est notamment une affiche choisie par Netflix qui a enflammé le net américain, critiquée principalement la droite conservatrice. Alors que l’affiche française du film représente les jeunes-filles jetant leurs habits en l’air, l’illustration de « Cuties » (titre anglais), montre les mêmes jeunes filles dans des tenues et des positions que l’on pourrait qualifier de plus suggestives. Une campagne s’est mise en place contre la plateforme afin de dénoncer l’« hyper-sexualisation » des jeunes filles. De cette campagne de publicité a émergé lehashtag #CancelNetflix, dont l’ampleur a obligé la plateforme à supprimer l’affiche et présenter ses excuses.  Cette polémique met en avant le paradoxe qui entoure la sexualisation aux Etats-Unis, soit l’image d’une Amérique puritaine alors même qu’elle se trouve être à l’origine des concours de beauté pour enfants.

Le problème de cette polémique est que « Mignonnes » a, au contraire, pour but de dénoncer ce que lui reprochait la classe républicaine, même avant sa sortie. Pour la réalisatrice, Maïmouna Doucouré, « ce film est un cri d’alarme ». A travers l’histoire d’Amy, jeune parisienne de 11 ans, « coincée » entre une famille aux règles traditionnelles et la vision qu’offrent les réseaux sociaux des jeunes filles d’aujourd’hui, la réalisatrice nous met en garde.  Ce film vise à mettre en avant le danger que courent ces jeunes filles face à la l’influence qu’exercent les réseaux sociaux, mais aussi la société en générale, sur elles.

Traditionnellement, l’éducation sexuelle aux Etats-Unis est fondée sur la notion de l’abstinence jusqu’au mariage (A l’instar du mouvement « Abstinence only »). Ajouté à cela, de nombreuses questions au sujet de la sexualité entrainent des crispations, notamment sur les questions de la contraception et de l’IVG. On retrouve à travers les critiques de la droite conservatrice, l’héritage d’une culture chrétienne très importante. Un mode de vie puritain où il est très difficile de tenir un discours public sur la question de la sexualité, qui plus est au sujet de jeunes filles.

Ce film a été récompensé au festival de Sundance (Utah) pour sa réalisation. Ironiquement, le 20 janvier 2006, était présenté à ce même festival, le film « Little Miss Sunshine », de Valerie Faris et Jonathan Dayton. Un film qui dénonçait d’une certaine manière la cruauté des concours de beauté pour enfants dont les Etats-Unis en sont les inventeurs. Un film dont l’accueil s’est trouvé être très positif. Est-ce un signe de recul en matière de tolérance aux Etats-Unis ? C’est difficile à dire, mais cela n’en est pas moins inquiétant, dans un pays secoué aujourd’hui par d’importantes revendications identitaires, à moins de deux mois d’élections présidentielles qui s’annoncent plus qu’houleuses.

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