Le public ne cessera jamais d’aimer les monstres et les antagonistes ! Qu’ils soient créés de toutes pièces ou existants. Parfois, ils provoquent des interprétations éthiques, religieuses, alchimiques, philosophiques, politiques. Simultanément, ils fascinent ceux qui les regardent, ils séduisent, ils angoissent. Les animaux au cinéma et plus particulièrement dans le cinéma d’horreur, peuvent faire partis de ces monstres et être de parfaits antagonistes trop souvent sous-estimés.

 

 

Les animaux tueurs, qu’ils soient gros ou petits, sont sans pitié et monstrueux, sont souvent les vedettes dans les films d’horreurs. Mais que représentent-ils réellement ? Les animaux dans ce genre de films ne sont pas très sympathiques envers notre espèce.  Un film d’horreur doit faire peur ou provoquer une profonde angoisse au spectateur, quoi de mieux que de présenter à l’écran, des animaux qui attaquent, griffent, mordent et tuent. Ces actes de violences peuvent reflètes des peurs, certaines attitudes sociales pouvant nuire à autrui et à d’autres espèces, ou encore liés à des questionnements sur ce qui nous différencie des animaux.

 

Un des thèmes largement abordé dans ces films d’horreur animalière est l’idée d’une évolution ou métamorphose des espèces. Il y a par exemple, les fourmis géantes dans Them ! sorti en 1954, des fourmis devenues géantes suite à de la radioactivité, remettant en cause l’utilisation du nucléaire et des essais atomiques… Une terrifiante métaphore de ces terribles répercussions sur la nature. Les insectes ou arachnides sont très fréquemment utilisés dans ce type de film passant de l’araignée jusqu’aux redoutables moustiques…

Them !, réalisé par Gordon Douglas en 1954
Reflet de phobies et craintes sociales

 

Le cinéma d’horreur met également en scène des personnages qui ne sont pas capables d’évoluer dans un certain environnement, un environnement qui ne leur est pas naturel, contrairement à l’antagoniste, ici les animaux.

Dans les Dents de la mer de S. Spielberg, la menace ne vient pas d’un animal terrestre, mais d’un animal marin, le redoutable requin. Les protagonistes sont traqués en mer où, il n’y a nulle part pour se cacher et aucun moyen de s’enfuir vu l’incapacité humaine à évoluer dans l’eau. Le requin est maître de son élément, contrairement à l’Homme, reflétant d’une part une peur de l’eau, mais surtout, appuyant le mythe de mangeur d’homme associé à cet animal. Dans le film, la peur réside dans ce que nous ne voyons pas, le requin n’étant pas tout le temps montré à l’écran, il est raconté du point de vue du monstre (avec la caméra ou la musique). Ce film joue sur la peur de l’environnement inconnu, comme l’océan et ses habitants qui sont étrangers et mystérieux.

 

Cujo, réalisé par Lewis Reague en 1983

 

Le cinéma d’horreur aime emprunter des éléments de la vie ordinaire (comme la routine, la vie familiale…) jouant avec des idées qui sont censées inspirer la confiance et avec lequel nous sommes à l’aise. Mais le cinéma d’horreur aime détourner ces concepts de la vie. Un des animaux récurant dans le cinéma est le chien, souvent vu comme le meilleur ami de l’homme. Dans le film d’horreur, il peut aider le héros en avertissant d’un danger ou bien au contraire, le chien peut devenir fou, par exemple dans le film Cujo sortie en 1983. Dans cette adaptation du roman de Stephen King, une chauve-souris enragée mord un adorable St Bernard nommé Cujo. Suite à cela, le chien devient très agressif et tue des personnes. Modifier le rôle protecteur et fidèle du chien en un dangereux mangeur d’hommes remet en question notre vision du meilleur ami de l’homme. Cette modification de la perception des chiens (souvent positives) est très intéressante, car contrairement à certains animaux (comme le loup, les ours, les requins, les araignées, etc.) le statut du chien ne reflétant presque jamais une image négative.

L’animal peut-être aussi diabolique et effrayant qu’un monstre sorti tout droit de l’imaginaire du spectateur (extraterrestre, fantômes, créatures, etc.). Les animaux, de toutes sortes qu’ils soient, peuvent être d’excellents antagonistes. En effet, un antagoniste n’est pas un personnage spécifiquement humain. Ce genre d’antagoniste a souvent des motivations floues ou incompréhensibles.

Quand la nature se venge

Les protagonistes des films d’horreurs ayant des animaux comme antagoniste, sont souvent confrontés à la nature qui reprend ses droits, à la nature qui souffre et qui se venge… Un antagoniste peut être assimilé à une société instable et une oppression sociétales que le protagoniste tente de détruire. Dans ces films d’horreurs, où l’animal est un méchant, on met en scène la faune et la flore devenus anormalement agressive envers l’humanité.

Dans le film Orca, sorti en 1977, un capitaine d’équipage se met en tête de capturer un épaulard (orque) mais celui-ci tue accidentellement sa femelle et son bébé. Le mâle furieux, part à sa poursuite. Ce film est un bon exemple d’une vendetta envers la race humaine.

 

Dans ces films d’horreurs à connotations écologistes, l’utilisation des animaux comme antagonistes est un outil de la nature afin de restaurer l’équilibre, la justice et l’ordre « naturel », même si dans le film Orca, le spectateur peut prendre partie pour l’animal, comprenant son mal-être et voir le pêcheur comme étant l’antagoniste du film. Pourtant, le fait de rendre l’animal violent et tueur le rend très effrayant. L’animal dans ce film est l’antagoniste de l’histoire.

 

Dans les Dents de la mer, le requin tueur est dépourvu de sentiment et incarne une conception humaine de l’instinct prédateur et d’un tueur féroce. L’orque dans Orca, est un animal doué de sensibilité et le spectateur comprend facilement la cause de sa folie meurtrière. L’orque est par ailleurs, un mammifère marin ayant de solides liens sociaux, tous comme les humains : l’animal est blessé et il perd sa famille, il souhaite se venger… La vengeance étant un instinct naturel que l’on retrouve chez l’homme. L’orque peut, dans ce film, représenter l’effroyable instinct primitif des hommes face à une situation dramatique et tragique. L’homme, tout comme l’animal, peut se faire justice lui-même.

 

Orca, réalisé par Michael Anderson en 1977

 

Alors, après le visionnage de ce type de film, le spectateur aimera t-il toujours autant les animaux ? Inverser le rôle du gentil « toutou » en un impitoyable tueur, transformer un animal marin pacifique en un redoutable chasseur sanguinaire, ou repousser la limite du réalisme jusqu’au fantastique en exagérant les proportions de créature à huit pattes… Les animaux dans le cinéma d’horreur sont très souvent exploités, et pourtant, ils sont rapidement oubliés et battus par des antagonistes surnaturels comme les fantômes, démons, extraterrestres, etc. Pourtant, les animaux sont des créatures belles et bien réelles, ce qui devrait effrayer d’autant plus le spectateur… En réalité, les véritables méchants, ce sont ceux qui ont corrompu l’esprit et les actes de ces animaux, les vrais méchants de ces films sont les êtres humains. Alors, le spectateur doit se montrer respectueux envers ces animaux ou sinon… ?

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