Les animaux font les stars…Au cinéma ! Que ce soit à plumes, à écailles ou à poils, les animaux doivent apprendre à jouer devant une caméra par le biais de nombreuses techniques. Néanmoins, qu’en est-il du bien-être des animaux avant, pendant et après leur passage sur un plateau de cinéma ? Après avoir évoqué les enjeux et contraintes de la scénarisation dans le film documentaire animalier, Plum’Culture s’intéresse aujourd’hui à l’exploitation des animaux dans l’industrie cinématographique.

Les animaux au cinéma : synonyme d’exploitation et de maltraitance ?

Sauver Willy (1993), Beethoven (1992), L’Ours (1988), Babe le cochon devenu berger (1983), etc… Dans ces films, les animaux sont les vedettes, ils sont des grandes stars de cinéma, pourtant, ils ont derrière eux, toute une équipe afin de les faire « jouer ». À défaut de pouvoir filmer un animal sauvage dans son milieu naturel à cause des risques encourus, les professionnels du cinéma peuvent avoir recours aux animaux dressés ou apprivoisés.

Il existe en France des organisations et entreprises spécialisées dans le dressage d’animaux domestiques ou sauvages pour la télévision et le cinéma. Nous pouvons par exemple citer l’entreprise Animal Contact basée à Sury-en-Bois dans le Loiret, est spécialisée dans le dressage d’animaux pour le cinéma, la publicité, la télévision ou l’événementiel. Contrairement aux Etats-Unis, le métier de dresseur d’animaux est beaucoup moins répandu en France.

Confiance, reconnaissance et accomplissement deviennent centrales afin d’accomplir des actions complexes comme le jeu d’émotions, qui contrairement aux humains, ne sont pas toujours visibles chez les animaux. C’est une activité commune entre l’animal et son dresseur. Pourtant, quand on parle de dressage, on peut sous-entendre la possibilité d’une maltraitance. Le dressage peut être une source potentielle de domination, d’autorité, de souffrance voir de dépression chez l’animal. Ce que les dresseurs apprennent à ces animaux, n’a souvent rien de naturel. Tout comme dans les parcs aquatiques type MarineLand ou Sea World ou les cirques, ces tours d’apprentissages peuvent provoquer de graves problèmes de santé (physiques ou psychologiques).

Un cas très célèbre étant celui d’un des dauphins dressés par Ric O’Barry pour la série télé Flipper dans les années 60. La dépression de l’animal l’a mené à ce qu’il semble être un suicide dans son bassin, dans les bras de son dresseur en 1970. Le dresseur a ensuite changé d’opinion sur l’industrie menant à la captivité des dauphins.

Quel avenir et retraite pour ces animaux ?

Après avoir tourné dans plusieurs films ou série télés et ayant « survécu » à cela, que deviennent ces stars du cinéma ? Cette question, certains préfèrent ne pas se la poser et d’autres au contraire, cherchent à connaître l’avenir de ces animaux.

Dans les années 90, Keiko un orque mâle, star du film Sauvez Willy (1993) a été le premier animal de parc aquatique à être retourné à la vie sauvage. Malheureusement, il aura passé plus de temps en captivité qu’en milieu naturel, où il meurt d’une pneumonie en 2003 à l’âge de 27 ans.

Le personnage de Jesse et Willy (Keiko) dans Sauver Willy (1993)

Autre sujet ayant fait polémique en 2018, Kiwi, 29 ans, l’un des oursons qui apparaissaient dans le film de 1988 L’Ours de Jean Jacques Annaud, vivrait dans des conditions de vie déplorable. L’humoriste Rémi Gaillard s’indignait en aout 2018 face au triste sort de Kiwi. Le zoo de Dunkerque qui hébergeait l’ours depuis 10 ans s’est défendu de toute accusation. Suite à cela, Kiwi a été transféré en 2019 dans une réserve plus grande pour y finir ses jours.

Avec un peu de chance, notamment avec la prise de conscience progressive sur le bien-être des animaux, ces stars du cinéma peuvent être récupérées. Ils ne risquent pas, pour la plupart, d’être laissés à l’abandon car ils sont trop vieux, dans des cages petites et insalubres, ou exploités jusqu’à la fin.

Il existe fort heureusement, de bons sanctuaires comme Natuurhulpcentrum en Belgique ou la fondation AAP en Espagne, permettant à ces acteurs de cinéma, de couler une paisible retraite.

Vers un cinéma plus respectueux des animaux.

Filmer de vraies réactions et dans des habitats naturels demande plus de temps et de patience. Le monde du cinéma veut toujours plus et toujours plus vite. Mais certains films font l’effort de respecter la vie de ces animaux ainsi de les observer calmement.

Comme par exemple, Le renard et l’enfant (2007). Notamment l’une des scènes marquantes du film lorsque la petite fille veut nourrir son ami le renard. À l’origine, il s’agissait d’un renard apprivoisé et contre toute attente, c’est un renard sauvage qui est venu. Cette scène a été gardée lors du montage final. Les autres scènes du film mettant en avant seulement le renard ont été tournées comme un documentaire animalier et donc, avec peu d’interaction humaine. Le film qui a été salué par la critique, a notamment été honoré par la fondation 30 millions d’amis, car celui-ci respectait de A à Z la chartre sur le traitement des animaux durant les tournages. Même si les conditions de tournage s’améliorent de plus en plus, peut-on réellement faire confiance à ce genre de mention type « aucun animal n’a été blessée durant le tournage » ou « validé par le AHA » (American Humane Association) ? Malheureusement, comme dans tous milieux professionnels, il peut y avoir des bavures et des falsifications.

Des films avaient fait polémique à ce sujet, comme en 2015, lorsque le film Le Hobbit un voyage inattendu (2012) avait été accusé par PeTA, d’avoir maltraité et tué involontairement une trentaine d’animaux. Pourtant, le film avait reçu la mention AHA attestant qu’un animal n’avait pas été maltraité durant le tournage. Faire respecter ces chartres demande des contrôles permanents d’association et de vétérinaire sur place, mais ces organismes n’ont pas la « capacité » d’obliger l’équipe de tournage à respecter à la lettre ces dérogations. Ces contrôles et enquêtes pour le bien-être de ces animaux semblent plus complexes qu’il n’y paraît…

Une solution : remplacer les animaux par les effets spéciaux.

Parfois, un recours aux images de synthèse semble nécessaire. L’imagerie numérique peut permettre de réaliser des films sans déranger ou blesser des animaux que les professionnels du cinéma souhaitent rendre plus réaliste voire même afin de sensibiliser le spectateur.

Selon le scénariste et réalisateur du film Le Seul et unique Ivan (2020) Mike White, déclarait que « l’image de synthèse est la seule façon éthique et représenter les animaux ».

Les effets spéciaux pour le film Le seul et unique Ivan (2020)

Néanmoins, retranscrire le réel grâce à des effets spéciaux voire des animatroniques peut poser problème, notamment financiers. Utiliser ces méthodes semblerait plus coûteux. De très récemment films comme Le seul et unique Ivan (2020),  L’appel de la forêt (2020), Le livre de la jungle (2019) ou encore Le Roi lion (2019) contribuent à un tournant décisif en utilisant les nouvelles technologies, plus tolèrantes envers les animaux. Pourtant souvent critiqués de par leur nature trop anthropomorphisme, ou accusés de détruire le cinéma, ce genre de films permet de faire avancer les choses. Ce sont des exemples à suivre qui pourrait un jour, mettre fin à l’exploitation animale pour des besoins audiovisuels.

Une question peut-être soulevée (tout comme aux Etats-Unis qui ont recours de plus en plus aux effets spéciaux dans leur film ou série télé), la France est-elle capable de faire de même ? Notre pays va-t-il fréquemment utiliser cette technique pour le bien-être animal ? Malheureusement, la firme Hollywoodien a les moyens pour le faire, en France ce n’est pas la même histoire. Certains studios français peuvent choisir de s’associer à des studios étrangers pour palier à ce manque.

Depuis 1995, en France, 30 Millions d’Amis a mis en place un visa certifiant que les animaux acteurs mis en scène durant un film au cinéma, une publicité ou une série télé, n’ont subi aucune maltraitance, limitant aux mieux avec des conditions strictes, les cas de maltraitances sur les plateaux ! Les animaux domestiques en France ne sont plus considérés comme des objets ou des biens meubles seulement depuis 2014. Certains professionnels du cinéma français (voire étrangers), comme certains spectateurs semblent encore rester frileux à l’idée de respecter correctement le bien être des animaux durant les tournages…

Aujourd’hui, de plus en plus de personnes espèrent qu’avec le temps, les conditions de vie des animaux soient mieux respectées et soient remises en question, que ce soit dans le cinéma, dans les parcs, dans les cirques et autres événements exploitant les animaux. L’industrie cinématographique peut s’améliorer et évoluer. Certaines productions (notamment hollywoodiennes) plaident pour le respect des animaux sauvages en exploitant aucun d’eux.

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