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Vous connaissez sûrement la marque « Gucci » , mais vous êtes-vous déjà intéressé.e à l’histoire de cette famille ? Porter à l’écran une véritable tragédie contemporaine : c’est le pari de Ridley Scott avec son dernier film « House of Gucci ».
Ironiquement, pour un film traitant de Gucci, le luxe et les vêtements ne sont pas le sujet principal. Adaptation de l’ouvrage de Sara Gay Forden paru en 2001, The House of Gucci : A Sensational Story of Murder, Madness, Glamour and Greed, le réalisateur Ridley Scott a choisi de raconter la déchéance d’une famille davantage que l’histoire de la grande maison de luxe. En suivant le destin de Maurizio Gucci, neveu d’un des fondateurs, on en apprend davantage sur la guerre commerciale autour de la marque.
Conspiration, crime et ambitions dévorantes
Italie, fin des années 70. L’entreprise familiale Gucci est co-dirigée par les deux fils du fondateur, Rodolfo (Jeremy Irons) et Aldo (Al Pacino). Ils se déchirent sur la stratégie à suivre dans un contexte de mondialisation et de changements de société. Rodolfo et Aldo ont chacun un fils. Paolo (Jared Leto), le fils d’Aldo, est un personnage excentrique qui aspire à devenir styliste alors qu’il est dépourvu de tout talent. Maurizio (Adam Driver) est au contraire, un jeune homme discret qui ne souhaite pas travailler dans l’entreprise familiale. S’il ne se retrouve pas du tout dans sa famille et son héritage, Maurizio va être plongé dedans du fait de l’ambition démesurée de sa femme, Patrizia Reggiani jouée par Lady Gaga. Mais la soif de pouvoir conduit souvent à la perte et à la chute. Ravissante, manipulatrice et rêvant de succès, Patrizia va conduire l’empire Gucci à se déchirer.
Une distribution brillante
L’atout principal du film est avant tout son casting de qualité. On y retrouve notamment Al Pacino, Jeremy Irons, Salma Hayek, Jared Leto, ou encore Lady Gaga. Cette dernière, davantage connue pour sa carrière dans la musique, excelle en tant qu’actrice. Le film était d’ailleurs particulièrement attendu pour sa prestation de « veuve noire » italienne. Avec Adam Driver, le duo donne une autre dimension à House of Gucci. Petite déception pour Camille Cottin, seule actrice française, qui n’apparaît finalement que très peu à l’écran.
Si le jeu peut paraître caricatural et extravagant, il semble que ce soit la volonté du film. Entre drame et comédie, Ridley Scott se moque ouvertement du clan Gucci. C’est d’ailleurs cet aspect tragicomique qui apporte de la légèreté à une intrigue assez sombre. On passe du rire à l’émotion dans une même scène. L’hypocrisie et la malveillance des personnages sont contrebalancés par le côté grotesque. On en vient même à s’attacher à ces « méchants ».
Une pièce d'art
L’aspect esthétique du film est très soigné. On voit ainsi la colométrie évoluer à mesure que l’histoire avance : chaleureuse au début, elle finira avec des tons beaucoup plus froids. Visuellement sublime, House of Gucci séduit aussi par la qualité de sa scénographie et de son raffinement. Décors et costumes rivalisent d’élégance, de chic et parfois de bling-bling. Le film est accompagné d’une bande originale incroyable : Eurythmics, Blondie, George Michael, Donna Summer…
Au final, malgré une durée de 2h37, le film est captivant. Suivant la chronologie historique, le drame est raconté en accéléré. Le scénario très travaillé, prend le temps de peindre chaque personnage et se permet des ellipses successives. Hors de tous repères temporels, on est accroché du début à la fin sans s’ennuyer une seconde. Très réussi, House of Gucci est une fresque familiale cruelle et captivante, qui illustre parfaitement et avec une grande justesse la réalité des choses. N’hésitez pas à aller le voir même si vous connaissiez déjà l’histoire de la famille Gucci !