4.0 out of 5.0 stars4.0
C’est le 11 septembre 2020 qu’est sorti le dernier opus de Fabien Marsaud aka Grand Corps Malade, deux ans après « Plan B ». Dans un contexte nouveau, notre Poète national s’exprime et compte bien se faire entendre.
Veuillez accepter mesdames, ce grand monsieur qui vous parle, celui dont les rimes et la voix grave vous sont reconnaissables, et si ce dernier décide désormais de travailler en duo, c’est pour mieux, mesdames, en exposer tous vos maux. En effet, cet album résonne comme un cri du coeur, un cri solitaire et solidaire, un cri si fort que même les plus fermés sont obligés de tendre l’oreille.
Fabien du haut de ses 1m96 (oui, juger la grandeur, c’est petit) nous déverse son flow si précis et juste au travers d’une thématique plus que jamais d’actualité. Et quoi de mieux que de conjuguer la force des mots, à l’humour, la dérision, l’ironie ? Grand Corps Malade ne s’y trompe pas et nous propose une dizaine de titres aux textes travaillés et aux rimes sublimées. Fallait-il la voix d’un homme (aussi grave soit-elle) pour faire entendre le sujet (aussi grave soit-il) des injustices faites aux femmes ?
Et bien la réponse est : peut-être. Cependant pour éviter la case du macho condescendant (si vite arrivé de nos jours), il a eu l’idée ingénieuse de collaborer avec de nombreuses personnalités féminines d’horizons divers afin de proposer un ouvrage qui parle à toutes et tous.
En 2020, ce type de marketing c’est du 20 sur 20. Parmi ses collaboratrices, on pourra y retrouver Laura Smet, mais également Camille Lellouche (avec qui il a obtenu le « single d’or »), Louane chargée à l’autotune, et notamment un duo audacieux avec Veronique Sanson. Mais si il y’a bien un titre qui ressort, c’est évidement « Pendant 24 Heures » en duo avec Oceane Colom dite Suzane, qui mélange à lui tout seul la symbolique de cet album sans manquer toutefois d’humour… Ce qui laisse à penser qu’un sujet grave peut être abordé avec sérénité et le cas échéant traité avec compassion car si les gens généralisent, c’est aussi et surtout parce que les clichés existent, ne vous en déplaise. C’est donc avec humour, reflexion et simplicité que l’on arrive à en rire sans se sentir coupable.
Pour ceux.celles qui ne l’ont pas écouté, il vous décrochera un ou plusieurs sourires. On regrettera cependant quelques répétitions par-ci par-là, une démagogie affichée qui a cependant le mérite d’être assumée, une production très moyenne par endroits, et le sentiments que deux ans pour écrire un album c’est long et très court à la fois. Cela n’enlève en rien au talent de Grand Corps Malade qui, par cet album, démontre une fois de plus que l’on peut être un artiste engagé en 2020 sans automatiquement « communautariser » son auditoire, le tout sans cibler l’ennemi surtout quand il s’agit de soi-même.
Certes les méthodes ne sont plus les mêmes, mais quoi de mieux que de ne s’engager qu’au travers son art et rien d’autre, après tout, n’est-ce pas là la force des Grands Artistes ?