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Son nom ne vous dit peut être rien, cependant Gael Faye n’en est pas son coup d’essai. Cet artiste aux multiples facettes, hyper-actif de la créativité se livre une fois de plus avec l’envie de crier au monde son attachement à ses racines.
Gael Faye, fait parti de ces artistes aussi talentueux qu’imprévisibles . Ce « touche à tout » natif de Bujumbara au Burundi n’en est pas à sa premiere réalisation. Il est également l’auteur du roman Petit Pays. Cet ouvrage sorti en 2016 et adapté au cinema cette année retraçait son parcours.
Cette fois ci, c’est de nouveau par le biais de la musique qu’il nous revient. Bien qu’il n’en soit pas à son premier coup d’essai, ce projet solo baptisé Lundi méchant sorti sous le label Excuse my french mérite qu’on s’y intéresse de plus près.
Mais au fond pourquoi Lundi méchant ? À en croire les paroles : il s’agit d’un véritable cri du coeur face à la morosité ambiante et la redondance de nos échecs au fil du temps qui passe. Il évoque également le passif de l’auteur et son attachement à ses racines africaines.
Et c’est bien là que réside toute la force des différents champs lexicaux employé : des textes à la fois conscients mais légers, sérieux, techniques, mais jamais moralisateurs, à l’instar d’un certain Solaar ou autre Oxmo Puccino dont la plume aura touché bon nombre d’auditeurs.
Mais que seraient les mots sans un appui pour les y apposer ?
En effet, l’inspiration mélodique est aussi moderne que dansantes. Le tout apportant de multiples couleurs à ce projet ambitieux. Les multiples arrangement autour de la voix du chanteur confirmeront également la qualité de cet album. Néanmoins, certains motifs (plus particulièrement le titre Respire) rappelleront forcément ceux d’un autre auteur/interprète belge au physique ressemblant et aux thématiques tout aussi justes et percutantes.
Cependant Gael n’en reste pas un moins un artiste unique, à la poésie chantante et pleine de vérités, vérités que l’on ne souhaite parfois tout simplement pas voir.
Mais une fois de plus ici pas de morale, un simple constat sur l’état des choses, parfois drôles, parfois tristes. D’ailleurs pour ceux.celles qui auraient encore des doutes, le premier titre Kerosen se lit aussi bien qu’il s’écoute. Il nous permet en effet de contempler son passif d’écrivain tant les idées sont pertinentes et le vocabulaire riche.
Boomer fait également la part belle à cette génération bien connue engluée dans le négativisme et le refus d’ouverture. En effet l’emploi de certaines formules proches de l’ « égo-trip » pour vanter à qui refuse de l’entendre le son de ses racines apporte un véritable sursaut à cet album qui ne manquait pourtant pas de surprises. Mettre les pieds dans le plat est un devoir que l’artiste s’octroie pour « secouer » son auditoire. Et il ne s’en prive pas.
L’humour, coutumier du rap français, n’est pas en reste. Certains passages vous ferons sourire tant l’on a parfois l’impression de parler à un pote voire un proche qui nous veut du bien.
Coté technique on n’est pas en reste. Au dela des mots, les sonorités riches et une production soignée confirment que ce projet est sérieux. Le choix des ambiances sonores est fait avec gout et sans redondance, fait plutôt rare dans ce courant musicale si propice aux atmospheres froides et impersonnelles , cet album lui est touchant et frais.
Il n’est pas présomptueux de considérer désormais Gael Faye comme un incontournable de la scène Rap française. Rares sont les artistes pouvant prétendre à un tel talent, tout en conservant leur originalité. Si ce n’est déjà fait, faites vous dès que possible votre idée de Lundi méchant, il se peut qu’il vienne quelque peu égayer votre fin d’année.