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« Domesticated » de Sebastien Tellier : un 7e opus décomplexé !

5.0 out of 5.0 stars

On attendait beaucoup du septième opus du fantasque Sebastien Tellier, maitre de la french touch et auteur du célèbre « la Ritournelle » sorti en 2003.

Après 6 ans d’une insoutenable absence, et mésaventures en tous genres, Tellier nous revient avec ce projet faux antipodes de ce que l’on connait de lui, l’artiste, le musicien. A l’inverse, il ne résume que mieux le personnage haut en couleurs qu’il incarne, si complexe et simple à la fois, talentueux mais à l’inspiration vacillante.

Sorti le 29 mai dernier chez Recordmakers, « Domesticated » c’est, selon ses mots, un concept, une perception de l’homme en tant qu’humain réduit à « l’esclavage domestique », le domestique froid, impersonnel, celui qui nous transforme, celui qui nous change. Quoi de mieux finalement, qu’une interminable période de confinement pour aborder un tel sujet ? Timing parfait en effet qui fait suite à un travail d’écriture acharné, car c’est aussi ça « la patte Tellier » : des textes percutants, parfois dérangeants, bien souvent à la frontière de la dérision.

La production quant à elle, n’est pas en reste : Tellier, accompagné des plus grands, laisse place à des sonorités électroniques excentriques et colorées, aux ambiances « Daft Punkienne » et à l’Autotune décomplexé. Le tout associé à un groove constant et à l’épaisseur des synthétiseurs analogiques. Au final, on obtient un ouvrage complet, dont la tension ne redescend pas et qui nous donne envie de s’y replonger, encore…

Coté personnel, cet album fait écho à la tragique disparition de l’un de ses producteurs et ami Philippe Cerboneschi a.k.a « Zdar », célèbre membre du Duo « Cassius » décédé accidentellement en Juin 2019 et co-producteur d’une partie de l’album dont l’ovni : « Venezia » en collaboration avec « Varnish la Piscine ». Il témoignera à ce propos : « Des gens âgés qui partent, c’est acceptable (…) Philippe Zdar c’était autre chose parce qu’il n’avait pas l’âge de partir (…) ça a été plus douloureux du fait de l’injustice de la chose. » En effet l’injustice est grande car, au travers du décès de Zdar, c’est la France qui perd l’un de ses producteurs et artiste les plus talentueux. L’artiste devra également faire face par la suite aux disparitions successives de Tony Allen (ndlr : Batteur dans « La Ritournelle ») et d’un autre de ses fidèles amis, le chanteur Christophe.

« Domesticated » est donc l’une des très bonnes surprises de cette année 2020, qui contraste idéalement, de par le talent de son auteur, à la morosité ambiante.

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