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Daniel Balavoine : portrait d’un éternel rockeur

Toute la semaine, Vionie et Elodie de Plum’Culture vont vous faire (re)découvrir le portrait de chanteur.se.s français.es qui ont marqué la culture du pays. Certains tubes sont encore chantés par toutes les générations, plus de vingt, trente, voire cinquante années plus tard. C’est le rockeur à la grande gueule mais au coeur tendre, Daniel Balavoine, qui ouvre le bal. 

Balavoine et la révélation "Starmania"

Dès que Daniel Balavoine déboule dans les bacs avec le 45 tours du titre « Le Chanteur » en 1978, il le fait avec fracas. Il se certifie disque d’or très rapidement et la machine est lancée… et ne s’arrêtera quasiment jamais. L’année suivante, il rejoint la troupe de la première comédie musicale française : Starmarnia, portée par Jean-Luc Plamondon et Michel Berger. Il campe le rôle de Johnny Rockfort, un chef d’une bande de criminelle, les « Etoiles Noires ».  L’opéra-rock embrasse un succès sans précédent, dont plusieurs titres sont incontournables dans le répertoire de la musique française. Certains, chantés par Daniel Balavoine sont devenus cultes, tels que « Quand on arrive en ville » ou « S.O.S. d’un terrien en détresse ». Dans la troupe des nouveaux talents , on retrouve des noms qui deviendront eux-aussi connus, tels que France Gall, Diane Dufresne ou encore Fabienne Thibeault.

Sa voix rauque, son timbre de voix particulier et sa grande tessiture lui permettent de chanter des chansons complexes et techniquement peu accessibles à la plupart des professionnels. D’ailleurs, des années plus tard, Gregory Lemarchal avait repris la chanson du SOS sur le plateau de la Star Academy et lui a permis de décrocher la victoire. 

Une grande gueule porte-parole de la jeunesse

Le rôle de rockeur au coeur tendre dépasse le cadre de son rôle de Starmania : c’est aussi sa personnalité. Et dès qu’on lui en donne l’occasion, il fait entendre sa voix. En 1980, alors qu’il est invité sur le plateau télé d’Antenne 2, il pousse une gueulante devenue mythique contre les journalistes, mais surtout contre François Mitterand, alors premier secrétaire du Parti socialiste. Il les accusent de ne pas prendre au sérieux les problèmes de la jeunesse. 

 

L’étiquette de porte-parole de la jeune génération lui est alors collée sur le front : il l’a cependant toujours réfuté et a cherché à s’en détâcher. Néanmoins, ce monologue fait sensation et fait de lui un invité récurrent des émissions de débats. Sans langue de bois, Daniel Balavoine ne mâche jamais ses mots. Il devient alors un chanteur engagé aux yeux du grand public. Il soutient ouvertement Coluche lors de sa candidature à la présidentielle en 1981 avant qu’il se retire de la campagne. Lorsque Mitterand se lance, il demande son appui. Balavoine accepte, sensible aux idées de gauche, avant de faire marche arrière. Il décrète alors « Je ne fais pas de politique, je fais du sentiment politique ».

 

La même année, son album Un autre monde est un nouveau succès, qui contient notamment les chansons aujourd’hui cultes de Mon fils ma bataille, Je ne suis pas un héros (initialement écrit pour Johnny Hallyday) et La vie ne m’apprend rien.

Balavoine au grand coeur : l'Afrique et les Restos du Coeur

Daniel Balavoine enchaîne les succès. À 30 ans, il sort un sixième album Vendeurs de larmes, qui contient le signle « Vivre ou survivre ». Il se certifie album de diamant en 1982. Son succès est suffisamment grand pour qu’il se produise désormais dans les grandes salles de spectacle. La même année, il foule les planches du Palais des Sports et joue à guichets fermés du 9 au 13 juin. Il restera fidèle à cette salle tout au long de sa carrière.

Parallèlement, il décroche quelques petits rôles au cinéma. 

 

Également passionné de sports mécaniques, il rejoint le Paris-Dakar en janvier en 1983. Tombé en panne dès la première étape, il parcourt l’Afrique avec une caravane. La situation du continent est un électrochoc pour lui : la pauvreté extrême et la famine de certains pays le marqueront à jamais. De retour en France, il sonne la tirette d’alarme : « Lorsqu’on voit au détour d’un village un môme à quatre pattes en train de ramasser des mouches pour les manger, il n’y a plus rien à dire« .

 

Son 7e album baptisé Loin des Yeux de L’occident découle de cette révélation. Cet opus est considéré comme l’album le plus engagé du chanteur. Il participe à une émission de radio où il présente une chronique tous les jours, sorte de billet d’humeur sur l’actualité. C’est à cette occasion qu’il lance l’idée de « banque alimentaire » qui provoque un ras-de-marrée dans la société. Les politiciens lui font gentiment comprendre de se mêler de ses affaires, tandis que Coluche, reprend massivement l’idée pour fonder plus tard, les célèbres Restos du Coeur.

Sauver l'amour

En 85, les artistes du monde entier se mobilisent massivement pour l’Éthopie, en proie à une famine effroyable. Avec Michel Berger, France Gall, Renaud, et Jean-Jacques Goldman, il fonde le concert caritatif « Chanteurs sans frontières ». Malheureusement, les prix sont jugés trop chers et c’est un échec. En contrepartie, le single « SOS Ethopie » se vend bien. 

 

Son 8e album Sauver l’amour sort la même année. Le tube « L’Aziza » rend hommage à Corinne, sa femme juive-marocaine, dont le single est un véritable carton. La quasi-totalité des titres traitent d’un problème politique ou social… À ce jour, c’est l’album de Daniel Balavoine le plus vendus, meilleures ventes toutes catégories confondues.

Une vie fauchée en plein élan

Daniel Balavoine était très médiatisé à cette période de sa vie. Et pour cause : il est sur tous les fronts en même temps. Plus engagé que jamais, il s’investit dans l’opération « Action Ecoles »  pour financer lever des fonts pour l’Afrique. Il prend également la responsabilité du projet Pompes à eaux pour l’Afrique. C’est à cette occasion qu’il repart faire le Paris-Dakar pour la 3e fois, mais cette fois-ci en tant qu’ambassadeur d’une association humanitaire. Cette dernière profite du circuit véhiculé pour installer des pompes à eaux dans les villages africains. Sur le terrain, il se démène et négocie même avec le gouverneur d’une province du Mali qui bloquait le convoit des pompes. 

 

Le 14 janvier 1986, les conditions météorologiques difficiles ont raison de l’hélicoptère dans lequel le chanteur est transporté. L’accident survient dans la soirée. Le pilote, François-Xavier Bagnoud et les quatre passagers, Nathalie Oden, Jean-Paul Le Fur, Daniel Balavoine et Thierry Sabine, meurent sur le coup.

 

À l’annonce de son décès, les hommages se multiplient sur les chaines de radio et de télé. Ses amis artistes prennent la parole (notamment Jean-Jacques Goldman et Michel Berger), et déplorent surtout le potentiel extraordinaire du chanteur. Il emporte avec lui pleins de projets professionnels, personnels et humanitaires.
Le chanteur avait annoncé qu’il comptait mettre fin à sa carrière musicale à 40 ans pour se lancer dans autre chose, comme l’écriture ou la politique.

 

À 33 ans et après seulement 8 ans de carrière sur les devants de la scène, Daniel Balavoine a plus d’une vingtaine de tubes à son registre. 35 ans après sa disparition tragique, le chanteur est toujours populaire, autant dans sa musique que dans ses engagements.

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